Selon une enquête du New York Times, la Belgique n’a pas importé moins, mais plus de la Russie au cours des six derniers mois. Le gaz liquéfié (GNL) et les diamants, en particulier, n’ont cessé d’arriver.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la Belgique n’a pas coupé ses relations commerciales avec la Russie, mais les a plutôt approfondies, affirme le grand journal américain The New York Times. Alors que la Belgique a exporté un quart de moins vers la Russie, elle a importé 130 % de plus. Cette forte augmentation est remarquable. Après tout, l’Union européenne a déjà annoncé huit trains de sanctions, mais celles-ci ne semblent pas gêner les exportations russes. Les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Espagne ont également connu une augmentation des importations en provenance de Russie.
L’Agence belge du commerce extérieur ne peut pas confirmer les chiffres du New York Times, mais il est certain que la Belgique a commencé à rémunérer davantage l’économie russe. L’agence a comparé la période de mars à juillet de cette année avec celle de l’année dernière. Elle a constaté que les importations ont doublé, passant de 3,3 milliards d’euros à 6,6 milliards d’euros.
Hausse des prix des matières premières
Selon l’agence, cette augmentation est due à la hausse des prix des matières premières. La Belgique importe principalement du pétrole et du gaz de Russie. Au cours des premiers mois de la guerre, leur valeur a augmenté de 220 %, soit 3 milliards d’euros. « Le port d’Anvers est un grand port d’importation de produits pétroliers et de pétrole brut. Zeebrugge est un port de transbordement pour le gaz liquéfié (GNL), qui est importé de Russie« , explique le professeur Thijs Van de Graaf (UGent), expert en politique énergétique et en politique internationale.
Pourtant, l’augmentation des revenus de la Russie ne s’explique pas exclusivement par la hausse du prix des matières premières. Les volumes ont également augmenté, en particulier ceux du GNL russe. « Alors que les importations par gazoduc ont chuté de 80 %, on importe beaucoup plus de gaz liquéfié. C’est un marché flexible. Les navires transportant du GNL se dirigent vers le port où les prix sont les plus élevés« , explique M. Van de Graaf, qui souligne que le gaz n’est pas soumis aux sanctions européennes.
La Belgique a beaucoup à gagner du commerce du GNL. Via Zeebrugge, le gaz part ailleurs en Europe ou même en Asie. Fluxys se charge du stockage, du transbordement et de la regazéification. « Pour les communes belges, c’est une mine d’or« , affirme M. Van de Graaf.
À partir de décembre, les pétroliers russes transportant du pétrole brut ne sont plus autorisés à accoster dans les ports européens. À partir de février, le boycott s’appliquera également aux autres produits pétroliers. Cela portera un coup dur aux exportations russes vers la Belgique.
Commerce des diamants
Le port d’Anvers peut continuer à compter sur les diamants russes, le produit d’exportation russe le plus important après le pétrole et le gaz. Le commerce des diamants fait l’objet de discussions depuis des mois. Grâce à la diplomatie belge, le commerce ne sera pas soumis au boycott. « Ils voulaient protéger Anvers en tant que centre mondial du diamant avec l’argument que le commerce se déplacerait en dehors de l’Europe, où il y a moins de contrôle de l’origine« , explique le professeur Alexander Mattelaer (VUB), expert en sécurité internationale. Un autre argument est que la Russie trouverait facilement de nouveaux acheteurs et qu’un boycott affecterait principalement l’Europe elle-même.