Près d’un tiers des diamants destinés au commerce anversois proviennent de Russie. Selon les experts, le commerce des diamants russes sert à financer la guerre en Ukraine.
On estime qu’un tiers des diamants bruts à Anvers proviennent de l’entreprise Alrosa. Celle-ci est détenue à 66 % par l’État russe et la république sibérienne de Yakoutie.
Les bénéfices d’Alrosa contribuent ainsi à financer la guerre en Ukraine. Sergei Ivanov, le patron d’Alrosa, a donc été sanctionné par les États-Unis immédiatement après l’invasion. Son père et homonyme Sergey Ivanov est considéré comme l’un des plus fidèles alliés du président Vladimir Poutine.
Un lobbying persistant
Mais les trains de sanctions de l’UE ont toujours épargné le commerce des diamants. Les ventes de diamants ont même augmenté depuis l’invasion. Lorsque la Pologne, les États baltes et l’Irlande ont présenté de nouvelles propositions de sanctions en septembre, Alrosa était visée. À la dernière minute, l’entreprise a disparu de la liste, a rapporté The Guardian.
A Bruxelles, les propositions de sanctions se heurtent toujours au lobbying persistant de la Belgique. Des sanctions contre les diamants se retourneraient contre eux, affirment les Belges lors des négociations européennes. Pas plus tard qu’en mars, le président ukrainien Volodimir Zelenski s’est attiré les foudres du parlement en déclarant : « La paix vaut bien plus que les diamants« . Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) nie tout lobbying. On ne communique que « la position de la Belgique« , dit le gouvernement.
Le lobby diamantaire anversois AWDC admet avoir fait activement pression contre les sanctions. Ils auraient un impact négatif tant sur le plan économique que sur le plan éthique. « En Belgique et dans l’UE, ils coûteraient des emplois. Ils ne feraient pas de mal à la Russie. Les diamants iraient simplement en Inde et à Dubaï« , déclare le porte-parole Tom Neys. Les sanctions pousseraient également le commerce à la clandestinité et favoriseraient le blanchiment d’argent. Il est illusoire de penser que les sanctions ralentiraient les ventes de diamants russes, comme le prétendent les ONG.
Il y a des critiques de la part de la société civile. « La Belgique a toujours été un pionnier dans la lutte contre les diamants de la guerre« , déclare Filip Reyniers, de l’institut de recherche IPIS. « Les diamants russes financent la guerre en Ukraine. Si nous ne pouvons pas appeler cela un diamant de la guerre, que signifie encore ce terme ? Lorsque nous avons voulu réglementer les ventes d’armes, on nous a également dit que d’autres pays continueraient à vendre des armes. »